Pour qui sonne le glas ?

A l'extérieur du Truffaut, des ombres filent dans la nuit. Invisibles et discrètes, elles marchent tout doucement vers la jardinerie faiblement éclairée par un feu à l'intérieur. Dans le noir le plus complet, même la faible lueur d'un feu mourant peut se voir. Surtout si les yeux sont nombreux à surveiller des traces de vie. Logeant le bâtiment en silence, elles passent et repassent devant le magasin.

Soudain, un sifflement. Peu réfléchi, au vu du son produit. De quoi attirer des animaux en vadrouille ; pire, des charognards. Et il n'y a pas que les animaux qui sont comptés dans ces lots. Depuis l'Apocalypse, les humains savent aussi se comporter comme des bêtes. Le sifflement fait aller toutes les silhouettes sur le côté. Puis, petit à petit, le silence gagne les lieux...



La suite, elle se passe dans la jardinerie. L'ancien magasin reste silencieux pendant un bon quart d'heure, et tout à coup, deux silhouettes surplombent Grantaire et Eva Piperonni. Celle d'un homme mûr, la trentaine passée, au regard froid et inquiet. A ses côtés, l'autre est imposante. Mitraillette tenue fermement en main, et cheveux grisonnants. Son air dur, pris dans la pénombre, ne laisse rien présager de salvateur. Derrière, une silhouette encapuchonnée se tient près d'un mur, accompagnée par six personnes.



L'homme au regard inquiet dévisage Grantaire et Eva. S'avançant vers eux, il s'abaisse et pose ses mains près du feu, en s'agenouillant.



- Pas de bruits. On est venu là pour discuter.



Le ton est calme et serein. Cet homme semble savoir ce qu'il fait. Sans doute est-ce la mitraillette, derrière lui, qui lui donne assez d'assurance pour parler ainsi.

Règle numéro 1 de la survie: ne jamais laisser la protection de ses fesses à d'autres personnes. Règle numéro 2: ne jamais s'endormir dans des coins pas totalement sûrs, ou pas totalement assurés.
Là, il s'était allé à la fatigue, emporté par l'age et les blessures. Et il avait laissé son sort entre les mains de deux couillons qui s'étaient fait la malle. Ou qui n'avait pas été suffisamment intelligent, et s'étaient fait zigouiller par l'arrivée des gars.

Il les balaya d'un regard où restait encore un fond des cinq minutes de sommeil qui lui avait été fatal. Deux gars, près du feu, six ou sept dans le fond. Au moins un pistolet mitrailleur, en bon état, et sans doute d'autres surprises dans l'ombre. Un tableau révé pour enfin mourir, s'il avait eu ses bombes, ou s'il eu été déjà debout. Là... ca fleurait bon l'euthanasie en règle, sans la moindre once de plaisir.

Il sortit la main de sa poche doucement, lachant le couteau qui s'y trouvait et qu'il avait récupéré sur un des gnomes, dévoilant sa paume ouverte. C'était ptet leur famille, allez savoir, donc autant ne pas se faire trouer la peau sans savoir ce qui leur était destiné. Au pire... Il était à portée du feu avec sa jambe valide, et il aurait tôt fait de le faire s'éteindre pour tenter un peu de valse dans l'ombre.

Perdu pour perdu, autant jouer le jeu de ces gugusses. Et puis... Tant qu'à faire, ils semblaient tous mal en point, pourquoi ne pas tenter de jouer un poil de bluff sur leur état réel, au cas où la "diplomatie" avec les autres en face tournerait court?
Il se traina de quelques centimètres en avant, moitié appuyé sur les main, moitié sur sa jambe valide, restant au ras du sol comme son interlocuteur principal. Une fois dans le périmètre immédiat de chaleur du feu, il enfonça ses yeux sombres dans ceux de son adversaire, avant de parler d'une voix où ne se lisait pas un gramme se sentiment

-Soit mon gars, je t'écoute. T'es qui, pourquoi, tous les salamalecks habituels. Je suis tout ouïe




[Jet de charisme pour la réplique de Grantaire : Résultat : 1 - réussite critique]

L'homme devant Grantaire esquisse un bref sourire, et prend le temps de répondre. L'autre, à côté, ne le quitte pas des yeux.


- Je m'appelle Tom. Je mène, avec le vieux à côté, un groupe de survivants. Je suppose que vous avez dû le remarquer.


Coup d’œil à l'homme tenant la mitraillette. Devant l'impassibilité de ce dernier, il revient vers Grantaire.


- Votre coin est pas mal, et qui penserait à aller piller des trucs de jardinage, en ces temps troublés, n'est-ce pas ? Nous, on a d'abord pensé au cinéma juste à côté, mais on s'est fait attaqué hier et avant-hier...


Raclement de gorge, puis reprise, en regardant droit dans le brasier s'éteignant lentement.


- Je vais faire simple, pour qu'on comprenne tous là où on va en venir très rapidement. Nous, on veut s'installer ici. Il doit rester quelques outils bons à prendre, et c'est une base sûre. Tout ce qu'on demande. Le truc, c'est qu'il y a déjà quelqu'un, manifestement. Et là, ça coince...


L'homme s'accroupit. Au-dessus des braises, son visage jaunit et le peu de lumière dévoile tout de même des cernes respectables et un visage émacié. Il soupire et regarde Grantaire en souriant. Visiblement, il a l'air respectueux du vieux moustachu en face de lui. Reste à savoir ce qu'il en pensera.

-Tom, c'est ca? Appelle moi Grantaire, simplement.

Il avait profité des nombreuses pauses de son interlocuteur pour l'observer, lui et son garde du corps, et pour noter diverses informations que l'autre avait bien voulu lui donner. Hommes potentiellement blessés suite à des combats, ce que semblait confirmer le teint blafard du dénommé "Tom", visiblement en manque de nourriture, vu leurs joues émaciés. Supériorité numérique, certes, mais dans un local exigüe, et surtout ils ne semblaient pas avoir dégagés l'entrée. Un vrai goulot d'étranglement si ca tournait mal, pour les uns comme pour les autres.

Grantaire poussa un profond soupir

-Je dois t'avouer que j'ai bien l'impression que ce que tu me dis est exact. Toi et moi, on n'a pas trente six choix possibles, concernant ce lieu. Pour etre honnète, j'en vois même que trois...

Il leva sa main droite, révélant ses trois doigts du milieu levés. C'était à son tour de jouer son tour de Poker, même si l'autre semblait prêt à faire tapis sur rivière avec les quelques cartes qu'il avait déjà posé

-Soit on te laisse tranquillement le magasin, donc on sort au milieu de la nuit se faire tuer dans Paris, et franchement, c'est pas ce qui me botte le plus. Et ca etre difficilement possible, à moins que tes hommes n'aient une civière pour dégager Harold qui agonise dans son coin.

Mouvement de tête vers le grand blessé et la gamine qui dorment encore en bordure de la lumière du feu de camp, les regards se tournent vers eux, Grantaire baisse son annulaire droit

-Soit on refuse de te laisser le magasin, et on se fait trouer la peau par la mitraillette de ton copain, au risque pour vous de devoir lutter ensuite une troisième nuit de plus contre des charognards attirés par le bruit.

Il est presque sûr d'avoir vu l'homme armé froncer les sourcils dans l'ombre alors qu'il baisse son majeur, même si le canon ne le lache pas des yeux.
Grantaire marque un léger temps de pause l'index toujours en l'air, laissant le temps de réfléchir quelques secondes au soit disant "Tom". Enfin, avançant son visage au dessus du feu, il termine son énumération avec un léger sourire

-Soit toi et moi on négocie et on palabre, pour voir quel groupe aurait le plus l'utilité du lieu, ou, qui sait, si on peut trouver un terrain d'entente pour l'exploiter de concert. Intéressé?

Ne lachant pas son interlocuteur des yeux, il espérait que sa petite énumération avait fait mouche

Tom écouta avec attention les choix que lui proposait Grantaire. Il se lève enfin, comme sorti de la réflexion.


- Il serait bien facile pour nous de descendre tout le monde ici, c'est vrai. Mais y'a de la vie, dans le coin, et je ne voudrais pas la voir débarquer par ici. Pas ce soir, en tout cas. On manque un peu de repos, à vrai dire.


Il se tourne sur le côté pour regarder le vieux à la mitraillette, et reprend.


- On va en discuter entre nous...


Il rejoint le reste de son groupe un peu plus loin. Après cinq minutes de discussions, il revient avec le vieux auprès du feu, les autres suivant derrière. Il y a, en plus du vieux, deux femmes et une adolescente portant visiblement un pistolet. A ses côtés, un adolescent encapuchonné jette des coups d’œil partout, surveillé par un jeune homme. Derrière, deux armoires à glace discutent entre elles.


- Dans notre groupe, personne ne décide seul de ce que fait tout le groupe. Désolé pour l'attente...


Il revient s'accroupir auprès du feu, remets les mains dessus et parle avec entrain.


- Puisque la première et la seconde solution ne nous conviennent pas, et puisque on veut éviter un bain de sang inutile, on vous propose, éventuellement, de partager le butin. Une sorte de cohabitation, si vous êtes d'accord. Si vous ne l'êtes pas, on reviendra de toute façon par la force tôt ou tard. S'il le faut...Qu'en dites-vous ?

Ne pas se laisser aller à un sourire. Même si il avait tapé juste, et que son interlocuteur avait été dans le sens qui lui était favorable, la partie n'était pas encore gagnée. Il y avait toujours le sort des deux zébulons, qui avaient pu se barrer (aucun des neuf ne semblait avoir de ce qui ressemblait à du sang frais autour des mains, et étrangler un homme est incroyablement plus bruyant que de l'égorger...), en suspend, et ils pouvaient tout faire foirer en revenant à l'improviste. Il fallait jouer serré, et carte sur table

-On va éviter la bataille future, si ca vous dit? Vous auriez l'avantage de la préparation, nous celle du terrain et du matériel trouvé dans le magasin, donc ca risque de tourner assez vite au remake de Camerone. Un coup à ce que même le vainqueur se trouve avec trop d'amertume en bouche pour profiter pleinement du terrain acquit.

Il tend sa main droite au dessus du feu, paume ouverte, pour proposer de sceller l'accord

-Cohabitation ne me semble pas le terme le plus approprié, mais une association, pour faire le tour des réserves de la maison et éventuellement la fortifier, ca me semble raisonnable

Tom suit les paroles de Grantaire avec un sourire peu dissimulé. L'affaire arrange clairement le groupe qui trouve enfin un endroit défendable et de potentiels alliés. Saisissant la main de Grantaire, il le regarde fixement, comme s'il lui accordait sur le moment toute sa confiance.


- D'accord. Fouilles communes et on fortifie les lieux ensemble...Puisque vous acceptez de partager ces lieux, on va aussi partager ce qu'on peut.


Il se tourne vers son groupe et donne les directives. Alors, Grantaire peut noter un réel changement dans le ton de sa voix. Il la connaissait douce, aux mots choisis, il la découvre autoritaire et directe.


- Jonas et Gaspard, vous irez avec Jean-Marc au cinéma prendre nos réserves de nourriture et le reste. Jennifer vous couvrira avec son flingue. Achille et Noël, vous allez vers le passage de tout à l'heure. Trouvez de quoi le bloquer - on avisera par la suite. Les filles, vous restez ici, il faut aménager cette pièce pour qu'on puisse tous y dormir sans se marcher dessus. Et allez chercher du bois pour le feu. On débriefe dans une heure !


Il se tourne vers Grantaire et lui fait un large sourire. Il soupire un bon coup et s’assied en face de lui tandis que son groupe s'éparpille dans les tâches qu'il a indiquées.


- J'étais un proviseur, avant...Le goût du commandement d'une équipe m'a servi, faut croire. Asseyons-nous, et discutons. Je suis sûr que vous avez des projets qui méritent d'être partagés, n'est-ce pas ?

Il n'aurait pas dit "la confiance règne", mais pas loin. Et puis l'autre semblait tout de suite plus chaleureux sans un canon d'arme automatique au dessus de son épaule.
Neufs paires de bras de plus, ses idées de défense et de survie pouvaient avancer à grand pas. Mais tout d'abord...
Il avait vu des ombres danser dans la trappe qui menait au sous sol, et aurait donné sa main à couper qu'il s'agissait du Toubib et de l'autre gus. Qu'il faudrait déloger avant que les autres ne les surprennent et ne croient à un piège

-Vous permettez?

Le ton cordial et l’assentiment tacite du proviseur permirent à Grantaire d'ôter une de ses rangers, et de la lancer dans le trou vers le sous sol, dans un dunk assez magnifique. Un bruit sourd l'informa du succès de son tir

-Bon, les couillons, sortez de là, on ne joue plus à cache cache. Et ramenez moi ma chaussure!

Le visage s'était fait plus dur l'espace d'un instant, tandis qu'il rabrouait les deux idiots qui avaient abandonnés leur quart pour partir à l'aventure. L'idée était bonne, mais l'enfer se pavait de bonnes intentions grace à ce genre d'initiatives malheureuses.
Il rencontra le regard surpris du dénommé Tom, et haussa les épaules d'un air blasé

-Mes hommes, qui ont décidés de sécher leur tour de garde pour se la jouer Indiana Jones dans les réserves. Ils se présenteront d'eux même quand ils auront moins honte pour remonter, ne vous en faites pas.
Bref! Pour revenir à nos moutons, j'étais ferronnier, si cela vous intéresse. Et j'avais dans l'idée de voir à bricoler une petite forge, afin de palier la rareté des armes à feux, balles et autres poudres, et pour profiter des monceaux de métal qu'on arrive à trouver partout. On a déjà un peu repérés le Quick en face, les étales sont démontables à coup de masse si besoin.

Et pour le reste, les appartements autour n'ont pas encore été visités. Nous venons quasiment d'emménager dans les lieux

Tom acquiesce d'un signe de tête lorsque Kain Anuki vient pour le saluer. Ainsi, le Grantaire n'est pas seul...tant mieux, cela ferait plus de bras et, à la vue du jeune hippie se soignant tout seul, il devine aisément qu'il tient là un médecin. Un médecin et un ferronnier...drôle de duo, mais pas si surprenant que cela. Rien n'est plus surprenant dans ce nouveau monde.
Cependant, les "hommes" de Grantaire peuvent visiblement débarquer de n'importe où, si bien que l'impression de n'avoir vu que la partie immergée de l'iceberg lui effleure l'esprit.


- Vous êtes combien, ici, en tout, en fait ? Vous nous avez caché cela...ça aurait fait une drôle de surprise si...


Se taisant, il contemple les deux hommes. Repassant leurs paroles, les indications et les indices qu'ils lui donnent sans le savoir. Tom sait y faire pour organiser rapidement un groupe, selon le moindre petit détail.
Par ailleurs, il revient bien vite sur le précédent discours du moustachu, soudainement intéressé.



- Projet intéressant...une forge, vraiment...je ne sais pas si c'est réalisable, mais ça devrait intéresser plusieurs d'entre nous. Sans parler des armes si elles seront en état. Je parle pour les autres, car je ne me refuse de porter des armes à feu...Pour les bâtiments, nous pourrions y faire de petites visites, quand le quartier sera réduit au silence, pour un temps...

Le chien dormant près de l'endroit où couche Kain Enuki (prière de lui trouver un nom) se réveille, semble renifler quelque chose sur les vêtements de son "maître", Kain, et commence à aboyer en se dirigeant en boitant un peu vers le sous-sol.

-Nous sommes six. Si vous comptez le chien

Les regards se sont en effet tournés vers le cabot (Lazare?) lorsque celui ci a bougé. Le dénommé Tom semble un peu "surpris", ou amusé par l'allure du grand chien, qui semble décidé à retrouver son compagnon à la cave où a gouter aussi aux semelles de Grantaire.

-L'un de nos gars, Jozef, l'a identifié comme un Schnauzer. Mais lui, le gars, je ne sais pas où il est passé.

Il se tourne un instant vers Enuki qui continue de se charcuter l'épaule

-Tu sais où il est passé, l'autre? Vous avez fait une virée à deux au sous sol?

Sans attendre la réponse du médecin, il finit son exposé à l'ancien proviseur.

-Pour le reste, vous avez tout vu. Eva et Harold dorment encore, le second sans doute bientôt d'un sommeil éternel. Et je suppose que vous avez déjà devinés que Kain était médecin avant les évènements de décembre, même si il a trouvé le bon look pour passer inaperçu.

Petit moment de pause. Toutes ses cartes sont presque à terre, reste son état réel. Autant garder ça pour soit le plus longtemps possible, au cas ou les collaborations tourneraient court.

-Enfin... Pour le nécessaire à forge, un rapide aperçu en bas m'a permis de repérer quelques gros pots en argile. Un peu de bidouillage, avec les gros sacs de terreau qui s'y trouvent, et ça devrait quand même faire l'affaire.
L'avantage des magasins de jardinage, c'est qu'on peut mettre la main sur des masses de forge sans trop de soucis, et qu'avec de quoi faire un peu de feu, on a tout le nécessaire pour construire de beaux trucs. Ils font des miracles avec rien, en Afrique, alors pourquoi pas nous?

Léger sourire pour souligner son propos, retour du silence

Tom regarde le chien aboyer et lance un regard noir à ses maîtres. Un chien bruyant ne fait pas bon ménage avec des survivants. Mais l'autre était revenu en parlant d'un chien à la cave, sans doute y avait-il là une étrange coïncidence.


- Si vous voulez mon avis, ce chien a senti quelque chose chez votre ami le docteur...Vous devriez vous pencher sur lui, sinon il risque d'ameuter tout le quartier.


Tandis que les deux femmes de son groupe sont en train d'aménager le lieu pour que tout le monde puisse s'y installer, il reprend le fil de la conversation avec Grantaire, sans perdre du coin de l’œil l'avancée de l'aménagement, se permettant quelquefois des remarques. Quand le moustachu finit de parler, il lui répond d'un ton amusé, mais non dénué d'un certain sérieux.


- Bien sûr, on peut se débrouiller...comme en Afrique. Vous avez le savoir-faire, pourquoi s'en priver. Mais on ne vous attendra pas pour nous armer...nous sommes plutôt spécialisés dans le pillage discret et quotidien. Il est probable qu'on ait des armes avant même que votre forge soit en place. Et, qui plus est, un homme de votre carrure dans notre groupe ne serait pas du luxe...J'dis ça, c'est toi - on peut se tutoyer ? - c'est toi qui vois.

[HRP]Si Lazare ne convient pas comme nom, on peut proposer Emmanuel. Pour "Emmanuel Chien"

Spoiler:

Pardon aux familles, tout ça[/HRP]

Grantaire resta stoïque face au regard assez dur de son interlocuteur quant au chien. ce qui ne l'empêcha pas de hausser les épaules quand il vit celui ci, sous le regard du Dreadeux, commencer à claudiquer vers le sous sol

-Pour la bestiole, tu -oui, le tutoiement ne me dérange pas- je suis plutot un partisan de la garder comme ration de survie, mais les jeunes semblent s'y etre attachés.

Petit sourire malicieux du papy, qui continue

-Blague à part, même si il est en sale état, il garde des sens plus affutés que la plupart d'entre nous. Pour monter la garde, ca sera un compagnon révé. Et sa taille, qui plus est, est un "avantage" pour le gardiennage. Même s'il risque de ne pas trop apprécier la proximité d'un feu.

Le ton se fait soudainement plus sérieux, le sourire disparait

-Bref! Soyons posés une seconde: oui, le pillage nous permet tous de survivre, mais c'est pas comme ca qu'on va pouvoir recommencer à vivre, au sens premier du terme si tu vois ce que je veux dire. On doit pouvoir trouver, dans les caves ou les greniers de ce magasin des fers de haches, des bèches, voir même des pioches. Soit de quoi balayer tous les arbres morts d'ici à la la passerelle de Bercy en l'espace d'une journée, même pas, et fortifier le paté de maison. Après, avec les semis du coin, les engrais... Bombes, récoltes, et tout le tralala, ca se confectionne en un rien de temps, avec les mains qu'il faut.
Après, si tu veux savoir, c'est pas l'idée même de jardinerie qui m'a mené ici. C'est plus le coté angle avec rideaux de fer, la Seine d'un coté, des boulevards de toute part. Bref, le coin facilement défendable. Avec un peu de bonne volonté et d'homme

Grantaire marque une pause, et se lève péniblement, ramassant sa masse au passage

-Sur ces bonnes paroles, je vais ramasser ma chaussure. Si tu veux venir voir le dénommé Jozef, la cave et le chien supplémentaire, tu peux prendre le temps de me suivre.
Ha, et... Pour ma carrure et les forges africaines, je pense que j'étais un poil plus vieux que toi quand j'ai vu ça sur place. Dans les années 80.

Il marque sa remarque d'un léger clin d'oeil, et entame la descente vers les profondeurs en claudiquant

- Le pillage nous permet surtout de tomber potentiellement sur des trésors. On sait ce qu'il sortira d'une forge, on sait moins ce que peut trouver détenir des appartements vides. Au petit bonheur la chance, et si on est bien armé, ça ne devrait pas trop poser problèmes. Concernant la défense de ce lieu, tu prêches à des convaincus. C'pas pour rien si on est venu dans le coin...


Il se lève et adresse un signe de tête aux deux femmes finissant leur travail.


- Jeanne, Valérie, vous descendez avec nous. Sortez vos armes, visiblement y'a un truc louche dans le sous-sol.


Les deux femmes saisissent respectivement un couteau de boucher et un couteau simple, tandis que Tom prend une matraque.


- J'vais passer d'vant toi, Tom. J'sais y faire avec les animaux...dit celle qui tient le couteau de boucher.



Suivant le dénommé Lazare-Emmanuel, ils descendent tous pour retrouver un monstre et Jozef perdu aux limbes.

Un homme, deux femmes. C'était quoi déjà la phrase," trois possibilités"? Trois chances de plus de se faire abattre dans le dos depuis une position en surplomb, si besoin, songea Grantaire. Après... Il gardait l'avantage de l'allonge et de son état de santé réel, et aucune des deux femmes ne semblait réellement de taille à lui opposer une résistance sérieuse. Même si il exécrait faire violence au "beau sexe"

-Est un trésor ce qui mérite ce qu'on y attache de l'importance Tom. Même un rideau de douche dans un appartement peut se révéler un trésor, surtout si personne n'a pillé les casseroles avant

Les deux femmes le regardait bizarrement, comme si la sénilité l'avait frappé précocement

-Je vous expliquerais, si nous passons la nuit. Si vous aviez vu Lost, à l'époque, vous êtes tombés sur le groupe de John Locke. Vous pouvez me nommer "Monsieur Destin"

Léger éclat de rire du grand père

Descendant enfin dans le sous-sol, le groupe voit le dénommé Jozef, allongé et en sang. Non loin, dans la pénombre, un grognement se fait entendre. L'une des deux femmes lève une torche et tous peuvent admirer la gueule en sang d'un énorme chien.


- J'crois que votre ami aura sérieusement besoin d'un docteur, si on arrive à passer cette bête, dit une femme.


Elle a son couteau prêt pour toute éventualité, et s'approche doucement de l'animal, passant devant le corps inanimé de Jozef.

A côté de Grantaire, "son" chien se met à aboyer, vers lui et vers la femme qui s'avance.

L'odeur de sang s'était faite plus forte, oppressante, dans l'escalier, mais il n'y avait pas fait attention. Le magasin dégueulait déjà de cette odeur suite aux opération de leur Mengele de poche plus tôt dans la journée, mais il aurait du s'attendre en s'enfonçant dans les profondeurs, sans réponse, à trouver Jozef ainsi.
Une image fugace du vieux film "Jurassic Park" lui traversa l'esprit, alors que la femme sans nom s'avançait, couteau tiré, vers le chien raptor. Qui allait les saigner un par un si ils restaient ainsi en enfilade.

-Arrête!

L'ordre avait été clair et concis, en direction de la femme. Pour plus de poids, il avait quand même levé sa masse, pour la stopper dans son avancée. Lui ne quitta pas le chien des yeux pendant qu'elle se retournait à peine, et lui désigna un objet oblong par terre à coté du corps exsangue de Jozef

-Si tu veux te battre sérieusement avec cette bestiole, ramasse cette fourche (HRP: et oui, Kain n'a pas dit etre remonté avec, et comme elle n'est décrite nulle part derrière), pendant que le chien et moi tenons cette bête en respect. Tom...

Léger haussement d'épaule vers l'ancien principal, derrière lui, et sur son autre collègue

-Ca te dérangerais de trainer Jozef hors de ce trou, vers le toubib, avec ta collègue? Je crierais bien un coup pour l'attirer ici, mais je ne sais pas si ce serait judicieux sans savoir qui traine hors du magasin. Et soigner dans un trou...
Pas les rencontres que j'espérais entre vous, en tout cas...

Toujours sans se retourner, ni quitter le molosse de la cave des yeux, il descendit précautionneusement, claudiquant, jusqu'à arriver à hauteur de la femme

Le chien appartenant à Grantaire surprend tout le monde en se dirigeant en boitant vers le molosse qui leur montrait les crocs. Ils semblent se caresser doucement, puis Lazare-Emmanuel semble renifler quelque chose près de la brouette renversée. Il revient vers Grantaire en le mordillant un peu, le tirant vers le molosse et la brouette, et tentant d'aboyer, la bouche pleine.



- J'crois que ton chien veut te dire quelque chose, mon ami, dit Tom. Les filles, mettez-vous derrière, et ramenez le corps de cet homme en haut. Le rasta est docteur, on verra ce qu'il peut en faire...