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 Pigmen Concerto

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Eliakim Platoon
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MessageSujet: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitimeMar 3 Sep - 9:08

La moto filait dans les rues de la dévastation. Pétaradant de toute sa superbe mécanique et de son puissant moteur, elle avertissait les réfugiés planqués sous leurs peurs que Platoon passait près d'eux, et qu'il valait mieux fermer les ruines qui servaient de maison à double tour. Derrière lui, ses hommes passaient avec plus de prudence, au pas de course. Ils commençaient à avoir l'entraînement, maintenant que le vieux avait compris qu'il ne pouvait pas faire du 70 et espérer qu'on le suive. Il était devenu une cible roulant à 30 km/h, et ça le faisait rire. L'avantage, quand le paysage est trop curieux, c'est que personne n'ose tirer. Il était protégé par bien mieux que son gilet pare-balles : sa réputation. Combien de survivants n'avaient-ils pas déguerpis en entendant le ronron de sa bécane ? Peur, surprise, effarement et instinct de survie. Le reste dépendant de la rapidité et de l'adresse de Mac Olga. Un coup de sabre entre les omoplates, alors que l'engin repartait en criant victoire.

La petite derrière s'accrochait comme il fallait. Il la soupçonnait d'apprécier ce moment, car il sentait son coeur contre son dos, et celui-ci battait à tout rompre, une chamade d'enfer. Elle appréciait visiblement cette croisière sur le monde ouvert en deux, sur lequel son conducteur repassait trancher la mort. Il avait cru entendre son rire, sous le moteur chantonnant, mais se concentra sur son prochain objectif. Les Illuminés allaient lui mener la vie dure, et pour une fois ce serait bien de mettre la sueur, les rires et la folie dans un coin de ses yeux. Se concentrer. Juger jauger. Voir se repasser les différents points. Bondir. Agir. Répliquer. Intimider. Convaincre.


Lamarck-Caulaincourt. Nom de la station où le rendez-vous allait avoir lieu. Elle avait été choisie pour deux bonnes raisons. Premièrement, elle était proche de la base des Night Wolves. L'Imperator n'irait jamais se risquer aussi près, et s'il le faisait, la cavalerie débarquerait en pisteur de biches, et pan pan sur la concurrence. Le lieu était à la fois assez éloigné pour mettre les Illuminés en confiance, et assez proche pour espérer une retraite sans grosse perte. Le XVIIIème arrondissement, qui plus est, était son royaume. Il en connaissait chaque rue, chaque détail, et le moindre petit changement sur ses terres sera remarqué par tous les Night Wolves avec lui. On ne chasse jamais sur les terres de l'ennemi. Le Boborgne le savait, c'est pourquoi Platoon avançait confiant. Deuxièmement, la station était célèbre, notamment dans ce film pour ados rêveurs en manque d'originalité qu'est Amélie Poulain. Exaspérant, il se souvient avoir passé la porte de la sortie après le générique. Le générique dit tout d'un film, celui-là invitait à reprendre son cartable et sa poupée. Infantilisation de l'imagination, retour à l'enfance. Voilà ce que ces films ont apporté à l'homme sous la bombe. Le seul point bénéfique, il l'avait vu dans les journaux. On voyait joliment Montmartre, soigneusement choisi pour ne pas montrer les touristes, les mendiants, les boutiques à conneries, et les clichés bohémiens de la vie parisienne, oubliée depuis choucroute. Mais Montmartre avait été choisi dans ces endroits les plus intéressants, et l'entrée de métro de Lamarck-Caulaincourt en faisait partie. Double escalier au-dessus de la bouche, Platoon les appelait les moustaches du charbon. Double escalier pour deux entrées, deux sorties, de quoi placer des hommes en ordre de retraite, avec efficacité.



Spoiler:


Arrivée devant la bouche. Silence de mort. Cela ne voulait rien dire, les Illuminés pouvaient marcher sur un trottoir de tambours que personne ne les remarquerait. Ces gars étaient entraînés à devenir le silence. Pas vraiment de quoi pavaner, mais l'invitée est là, et attend que le chef fasse le chef, qu'il assume son rôle. Ou alors qu'il fasse ce qu'il a l'habitude de faire, de l'improvisation insouciante, voire suicidaire. Souriant à tout un tas de nouvelles idées, Platoon alla en haut des escaliers et s'amusa et se pencher sur la rampe pour se laisse glisser jusqu'en bas. Sortant une cigarette et son flingue, il alluma la première et tira un coup en l'air avec le second. Guettant un bruit suspect, il levait les yeux en l'air, cherchant un divertissement effrayé. Mais rien ne vint. Alors, il remonta de nouveau les escaliers, disparut pendant quelques secondes, puis revint avec deux pintes de bière du bar à gauche de l'escalier. S'asseyant, il leva son verre vers la jeune fille, au moment où les premiers Night Wolves apparaissaient dans la rue, et se mettait en place. L'éclaireur Rostropovic demanda la permission de se rafraîchir à son tour, et bientôt tous les Night Wolves eurent leurs pintes dans la main. Platoon en profita pour faire de la réclame.


- Alors, mes mignons ! C'est pas avec Valcourt que vous pourriez faire ça, hein ! Papa Platoon, y'a pas mieux pour sortir en mission...Bon, qui peut me dire ce qu'on vient foutre ici, nom de Dieu ?


Une main se lève. "Pour rencontrer ces connards de Troglo". Rires généraux, Platoon lance un clope en s'esclaffant. Une jeune recrue qui voulait se la jouer vétéran, à insulter et à diminuer des mecs qui peuvent la trancher en deux les yeux fermés. Manière de dire qu'on a pas peur, du moins qu'on le montre pas. Bon point pour elle, qu'elle se gave le corps de nicotine et de tabac, la seule vraie récompense du soldat.


- Que bueno, petite. Et pourquoi faire, bande d'enfoirés ? On y va comme ça, pour leur serrer la pogne pasque ce sont des voisins charmants ? Nico, ils ont failli te couper les glaouis, et toi Rozen, ils t'ont tabassée et laissée pour morte. T'as pas les glandes qui surinent dans leur sac ?


Les deux interrogés firent la gueule. On aime pas se voir rappeler les échecs, même s'ils sont glorieux. La fille, ils l'ont brûlée à l'essence, sur le ventre. Si on avait pas eu un bon médic avec l'audace qu'il faut à tous les dingues, elle y passait. Mais y'a eu que son ventre qui ressemble à Verdun maintenant. Parait que la poitrine et le reste ont été sauvés, et qu'elle dort pas mal dans les sacs de couchage des autres. Manquerait plus qu'ils fassent les difficiles, mes gars. Elle répond en souriant, comme ça, qu'il faut savoir avancer et surtout saisir les opportunités. Ouais ma fille, et même qu'on pourra en choper un d'eux, et qu'on te le laissera rien que pour toi, dans une cour intérieure, avec une batte et un bidon d'essence. On le reverra sur les rails comme ils laissent leurs victimes. A l'époque de la grande vie, on appelait ça un accident grave de voyageurs. Un putain de suicidé qui faisait chier mille personnes pendant un quart d'heure. Le pire, c'est que les gens râlaient...ils ne pouvaient pas rentrer aussi vite chez eux qu'ils l'avaient prévu. Les gars...wohooo...les gars...y'a un mec qui s'est foutu sous ta putain de rame. Est-ce tu saisis seulement l'aspect physique et psychologique de la chose, ducon ? Et vas-y qu'ils se marrent tous quand je dis ça, alors que la plupart devait réagir comm'aç. Bande d'enfoirés.


- On fait deux groupes. Un en haut, l'autre en bas, chaque moitié occupe les escaliers. Abby, Delombes, avec moi avec six gars bien armés. Le rendez-vous a lieu sur le quai. On occupe le quai droit, ils seront sur le gauche. J'irai sur les rails rencontrer leur chef, et vous attendez, vous surveillez, et faites pas les cons. S'il reste des conneries dans le distributeur, j'autorise un en-cas. Pas de provocations, pas d'excitation et surtout...au premier geste d'un con d'en face, vous déchargez. Avant toute chose, qui sait quel métier j'exerçais avant la Bombe ?


Réponses en rires. Ministre. Écrivain. Éboueur. Chômeur. Le dernier est le plus réaliste, je crois.

Lamarck-Caulaincourt. La fusion métropolitaine d'un diplomate et d'un zoologiste naturaliste. Troisième raison.


Dernière édition par Eliakim Platoon le Dim 6 Oct - 10:24, édité 1 fois
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Louise Delombes
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MessageSujet: Re: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitimeSam 5 Oct - 19:02

Le temps au compte-goutte reprend, s'étirant comme un chat souverain sur les ruines. Louise descend de la guimbarde à la suite de Platoon, bien à regret il faut l'avouer. Pas sûr qu'elle y ait droit deux fois ; plutôt à parier qu'elle se retrouvera dans le tas les ayant suivi au pas de course, et qui commence d'ailleurs à pointer le bout du nez. Platoon se distrait des rien apocalyptiques habituels et loin des regards, ou presque, à suivre sa folie ou un fil de pensée qu'elle ignore. Ou les deux - la folie n'est pas toujours contre-indiquée pour survivre. Louise le suit des yeux, amusée mais se voulant maussade. Il brandit un verre à sa santé, ou à celle du monde décrépi et envahi par le vide. Un homme lucide de folie, souriant comme personne au bordel ambiant, cerné par l'horreur et lui tendant son verre. Le meilleur témoin de l'humanité. S'en souvenir. Donc ne pas mourir. Ou pas trop. Souvenir...
Elle cligne des yeux à l'arrivée des autres, essaie de les détailler du regard sans trop l'imposer, juste pour se faire une idée. Si elle a à les côtoyer, il faudra bien qu'elle sache à qui elle a affaire pour chacun. Mais pour le moment rien à tirer de ses observations éparpillées par les allers et venues de la troupe. Ils se servent une pinte dans le sillage de Platoon, et elle s'installe un peu en retrait, attendant la suite. D'ailleurs, le reste des propos du chef de meute ne lui évoque pas grand chose. Les réactions de ses hommes, si, et elle repère au passage "Nico" et "Rozen". Pas sûr que ça lui serve. Topo ? Les "Troglo" ne sont pas des gentils-gentils mangeant de l'arc-en-ciel - plutôt l'air de préférer la tripaille et d'avoir les moyens de leur préférence. Les gens de Platoon savent à quoi s'en tenir, mais n'aiment pas pour autant avoir l'air de se laisser intimider. Assez normal ; peut-être même que se prendre un tabac participe de la hargne de certains à rester campés les deux pieds dans la vie et la tête haute, à mordre le sourire aux lèvres tout ce qui les en empêcheraient.

- On fait deux groupes. Un en haut, l'autre en bas, chaque moitié occupe les escaliers. Abby, Delombes, avec moi avec six gars bien armés. Le rendez-vous a lieu sur le quai. On occupe le quai droit, ils seront sur le gauche. J'irai sur les rails rencontrer leur chef, et vous attendez, vous surveillez, et faites pas les cons. S'il reste des conneries dans le distributeur, j'autorise un en-cas. Pas de provocations, pas d'excitation et surtout...au premier geste d'un con d'en face, vous déchargez. Avant toute chose, qui sait quel métier j'exerçais avant la Bombe ?

Rappel à l'ordre en électrochoc. Louise file entre les gens une fois la partie sketch finie, alerte, et suit Abby direction Platoon. Elle jette un oeil à la demoiselle au passage, dont l'air n'a pas bougé d'un cil depuis la dernière fois, c'est-à-dire lorsqu'on lui tapait dessus : entre boudeur et agacé, ferme voire froid ; pas du genre à s'émouvoir, certes. Louise se demanda vaguement si quelqu'un d'autre que Platoon était capable de lui peindre un autre air. Qu'est-ce qu'il lui voulait d'ailleurs... ? Elle qui avançait mains dans les poches, les yeux prêts à tout saisir, entre là et ailleurs et un sourire en coin... et qui surtout, surtout, ne savait guère quel était l'enjeu de cette "visite" incongrue.
Bah. "Qué sera sera." Tant qu'on peut suivre les traces d'une vie en fuite, tant que l'on peut épier les mille et unes nuances des rêves les plus infimes... Que demande le peuple ? Dites-le ! Que voulez-vous !
Car, après tout... le monde va comme vous allez. Alors musique, et ne jamais s'arrêter d'en crever.



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Buffalo Jim
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MessageSujet: Re: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitimeDim 6 Oct - 11:27

Bout du tunnel en vue ! Les gars murmuraient dans le conduit, commençaient à se préparer, ressentaient un peu d'excitation semblait-il, ce qui n'était pas leur habitude. Les gars de la 13ème Division de l'Impératrice Soleil, l'élite des Troglodystes, les meilleurs combattants, les plus aguerris, les plus fous et les plus silencieux. Ils pourraient tenir en bouffant du ragoût de rats agrémenté de cailloux. Certains ici avaient déjà connu la mort pendant l'Apocalypse, et se trouvaient désormais dans une cour de récréation, en compagnie du plus redoutable des prédateurs que le nouveau monde ait connu. Buffalo Jim le surveillait, par ailleurs...il longeait les murs, sans ses armes, en haletant par moments quand il avait chaud. Jim le regardait, l'entendait, et se posait toujours la même question, suivi du même remords : sommes-nous plus humains que lui ? Mais le bout du tunnel arrivait, et avec lui le rendez-vous le plus important des Troglos depuis le début de l'Apocalypse.

Il n'y avait personne dans la station. Que des chaises renversées, un distributeur éventré, des rails tordus et un wagon sur les rails, un peu plus loin. Ils avaient allumé la station, une lampe sur deux, de manière à ne pas trop se montrer, mais gardant la possibilité de surveiller les mouvements de l'ennemi. Méfiance toujours, surtout quand il s'agissait de croiser le verbe avec les loups enragés de la capitale, qui hurlent à la nuit en guise de réputation. Ils étaient sur leur territoire, il faudra pas faire de conneries, pas d'excitation, pas de provocation. Dans le pire des cas, Jim lâcherait la bête.

Il disposa ses hommes sur le quai convenu, et plaça deux hommes avec le prédateur qu'il avait amené avec eux dans l'obscurité du tunnel. Pour intimider, pour le spectacle, pour leur montrer, aux chiots de la nuit, que les Troglos ont de quoi riposter si jamais...Il s'assit tranquillement sur un rail, sortit un cigare et l'alluma d'un coup d'allumette. La fumée envahit bientôt la station, tandis que le Taureau Noir attendait l'arrivée du très réputé Platoon. Curiosité, envie, peur ? L'odeur âcre de la fumée calmerait ses mains qui tremblaient légèrement. Il aimait ça...il aimait ressentir ce malaise en attendant le bonhomme.

Soudain, il entendit une moto. Silence. Quelques minutes après, des rires et des éclats de voix, puis des bruits de pas. Il repassa rapidement ce qu'il devait dire, et se prépara, crachant en rythme les bouffées du cigare.
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MessageSujet: Re: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitimeDim 6 Oct - 11:43

Entrée subite dans le champ diplomatique. Toujours pas d'embuscade, à croire que l'affaire était sérieuse de chez sérieuse, et qu'on allait papoter entre copains sur un quai de métro, comme au bon vieux temps où la métropole marchait encore jusqu'à tard dans la nuit, et qu'on refaisait le monde entre les cris alcoolisés et les sourires mutins des couples serrés. Ambiance d'époque, nulle nostalgie, quand on a rendez-vous avec les cafards les plus meurtriers que le monde puisse porter. Les six hommes de Platoon passèrent devant lui, dans une manœuvre entendue, prirent rapidement les escaliers un peu éclairé - signe que les connards d'en face étaient arrivés. Ils devaient se disposer sur le quai, manière de planter une ambiance, de parer à des embuscades, d'observer la disposition de l'échiquier. Platoon s'arrêta sur une marche au milieu d'un escalator à l'arrêt, et demanda à Abby et la nouvelle recrue Delombes de s'approcher.


- Changement de dernière minute, les filles. Abby, tu vas escorter la demoiselle sur les rails. Elle va se pointer devant le petit Jimmy, et tu te tiendras à côté, ton katana de feu prêt à décapiter son cou de taureau. Delombes, si tu veux au retour qu'on te place chez Clarkissima, t'as intérêt à gérer ton entrée. Allez-y, je vous rejoins vite.  


Il laissa les filles continuer leur chemin vers le théâtre intense, et se dirigea vers les parties des travailleurs de la ratp. Chantonnant un air de variétés françaises à chanteur éphémère, il chercha des vêtements bien précis qu'il trouva après quelques minutes dans une armoire poussiéreuse. Il se vêtit d'un grand manteau vert de contrôleur de métro, ainsi que d'une casquette, et trouva même une pipe et un paquet de Camel à rouler à moitié rempli. Il bourra la pipe, l'alluma et se mit à errer dans la station, sifflotant et chantonnant. Il n'entendait rien d'autre que l'écho de sa propre voix sourde, et se crut soudainement seul au monde. Il s'assit quelques instants, profitant de ce moment de calme, et pensa à ces voyages dominicaux en métro qu'il faisait avec sa famille. Il se releva brusquement au moment où une larme allait s'échapper de la prison mentale forcée par Platoon, et descendit à toute vitesse l'escalator pour prendre le chemin emprunté par les deux filles et ses hommes. Il espèrait ne pas trouver un bain de sang en bas, mais il n'avait rien entendu pour l'heure, alors qu'Abby était du genre à hurler et crier quand elle se battait.

Faisant mine de ne pas regarder sur quel quai il allait, il se dirigea celui convenu pour les Troglos, chantant tranquillement, les mains dans les poches, une pipe dans la bouche envoyant du tabac et répandant une odeur vanillée et mielleusement boisée autour de lui. Ça devait faire cinq minutes qu'ils avaient commencé, il était impatient de voir comment la jeune Delombes avait passé le bizutage.
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Louise Delombes
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MessageSujet: Re: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitimeDim 8 Déc - 19:03

Et voilà que tout se bouscule, en suivant une partition qui lui échappe bien malgré elle. Chacun sait ce qu'il a à faire, comment, qu'est-ce, et tout le bordel. Elle continue de se calquer sur Platoon en s'efforçant de ne pas gêner la circulation des autres louloups, alors que l'orchestre se met en place. Comme quoi, le gros de la scène qui allait se jouer avait un code suffisamment serré pour pouvoir déjà en écrire une bonne partie. Quant à l'enjeu, s'il s'agissait d'association ou de quelque chose dans ce goût-là, les prémisses en étaient bizarres, ce qui ressemblait le moins à de la bonne entente ; mais c'est vrai qu'on ne voyait plus les bases de rien, dans la bourbe de l'horreur. Et puis, ç'aurait plus la forme d'un contrat, sauce apocalyptique. Etrange cette tendance à toujours rechercher des garanties, en étant prêt à écorcher le premier venu pour peu que ça nous arrange... Ou pas. Comme quoi...
Penser à faire des catégories, selon les volontés prédominantes et les moyens admis pour y parvenir, surtout vu le contexte.
N'empêche que pour le moment, tout se déroulait l'air de rien, de façon tout à fait tacite et concertée. Peut-être même un brin trop prévisible...

- Changement de dernière minute, les filles. Abby, tu vas escorter la demoiselle sur les rails. Elle va se pointer devant le petit Jimmy, et tu te tiendras à côté, ton katana de feu prêt à décapiter son cou de taureau. Delombes, si tu veux au retour qu'on te place chez Clarkissima, t'as intérêt à gérer ton entrée. Allez-y, je vous rejoins vite.  

... D'accord... Prévisible, mais pas avec lui.
De toute manière, il est déjà en train de filer, parti préparer sa propre vision du moment. Ceux d'en face devaient le savoir, qu'il était un peu imprévisible et pire. A se demander ce qu'ils savaient d'autres pour néanmoins admettre de potentiellement conclure quelque chose avec lui. Tu parles d'une recherche de garanties...
Sauf que pour le moment, c'était à elle de faire l'intro. Bizutage ? Ce ne devait pas être une rencontre si importante que cela alors... ou si... ou non... N'importe, Platoon s'amuse, autant en faire de même. Malgré Abby qui la talonne, faire bonne figure, écraser l'angoisse soudaine. Diable, des gens ! Faire une présentation fauchée du bazar, improviser sans trop y croire, narguer les gueules des flingues à portée sur le fil d'un katana (vraiment pour le chef d'en face ? pas plutôt au cas où elle ferait des bêtises ?), ...
Louise fait la moue, yeux à terre, finalement un peu oublieuse d'Abby (qu'est-ce qu'elle pense de la décision de Platoon d'ailleurs ? Ah bah, n'importe aussi). Mais en fait, attendez... belle occasion ! Qu'elle est bête ! Remise en jeu ! N'est-ce pas beau, non ? Avouez-le... c'est magnifique ! Deux fois en un jour le néant qui guette ; une fois de plus ou de moins...
Et puis même, le grand délire qui lui tend les bras ; juste à se laisser porter ; juste à suivre le fil et se perdre ; "qué sera sera..." ; oh et même, avouez, n'est-ce pas ? que c'est drôle, si si... Avouez-le... c'est à peine croyable ! Tout cela est même follement amusant. Voire un peu trop. Mais mourir en jouant... Trop tentant. En fait c'est déjà trop tard. Vivre, mourir, vivre, mourir, vivre, mourir, vivre, mourir, vivre... L'un est merveilleux et l'autre peut-être mieux. Qui sait. Qué sera sera. Le sourire qui s'étire, le coeur qui crépite d'impatience. Saluer la mort pour être en vie ?

Ah tiens, on y est déjà ? Louise se retrouve entre les deux camps, sans y avoir trop pris garde, un sourire un peu fou aux lèvres, arrivée en claquant des doigts sur un vieil air. Pas sûre qu'elle les voit vraiment, juste la situation - le reste... Toujours repousser ce qui gêne, l'indifférence en grand apparat, atours de l'humain qui se fuit.

- Oh... Je crois que je me suis trompée de chemin. Mais ce n'est pas de ma faute, je vous rassure. Le lapin blanc était tellement pressé qu'il n'a rien compris à ce que je voulais. Il est parti, avec le temps, et m'a laissé à la croisée des chemins. C'est bête, à ne plus savoir où donner de la tête. Peut-être la perdre chez la reine de coeur, tiens, pas bête... Remarquez que je n'ai même pas toutes les cartes en main. Et puis je crois qu'on a changé les règles du jeu en cours de partie - c'est vil. Ne trouvez-vous pas ?
Ah mais ! je crois qu'il faut que je présente tout ce beau monde. Deux camps au garde-vous, un face-à-face sans grands effrois. Pour le moment, tout est calme... mais il faut se méfier de l'eau qui dort ! Mais alors ? Cartes sur table, je vous prie ; les contrats demandent un peu d'échange, tact, diplomatie, et tout le tralala. Car oui, il semblerait qu'on ne soit pas capable de s'entendre sans porter de masque, biaiser le propos, et truffer les mots d'un poids pseudo-majestueux ; et derrière la gravité tout peut encore se tramer. Toujours la comédie humaine. Tout le monde connaît, personne n'en parle - c'est de mauvais goût. Mais, comme dirait quelque autre, "la résignation est un suicide quotidien". Trop bête de ne pas tenter l'affaire, donc, non ? On verra ce que dira le diable, s'il est content de ses pions. Car oui, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Pas de miracle, rien sans rien, et l'on dégaine nos volontés comme si l'on pouvait changer le monde.
Ainsi, mesdames et messieurs, santé ! Buvez la vie jusqu'à la lie. On s'en remet je crois.


Un bout de chanson se fait entendre, flotte et promène des senteurs vanille et bois. Platoon entre en scène. Louise croise les bras, soudain fort attentive, se mordant les joues pour ne pas éclater de rire, un grand rire cinglant, trop heureuse de cette situation sur le fil où tout peut basculer, sans savoir ce qui vaut le mieux, jamais - car on est humain après tout, il ne faut pas trop en demander.
Le grand jour continue, soyez sans crainte...




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Buffalo Jim
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MessageSujet: Re: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitimeDim 8 Déc - 20:51

Les loups sortirent enfin du bois. Six hommes d'abord, suivis par deux femmes. Une fille furibonde avec un katana, que Jim repéra immédiatement comme étant Mac Olga, l'éclair de nerfs des Night Wolves, celle qui laisse des corps mutilés et brûlés derrière elle. Rien que sa mort rendrait fous de joie les copains, dans les tunnels...l'autre, par contre, était une parfaite inconnue. Un des troglos derrière annonça Platoon, ce qui lança des rires généraux dans la station. Quelques uns des types en face le prirent mal, et levèrent leurs armes, rapidement couverts par la voix de la nouvelle gonzesse. Elle parlait, elle parlait doucement, à elle-même, en les regardant, ou en regardant ailleurs. Elle parlait, et sans trop comprendre comment, tous l'écoutèrent. 

- Bordel...



Bouche bée, Buffalo Jim regarda et écouta la jeune fille parler. Trop irréel pour que ce soit vrai, trop de confiance pour tenter quoi que ce soit. Tout simplement miraculeux sur le stade final de la folie. Le monologue dura un instant, qui s'étalait et remplaçait le temps. Les mots étaient des secondes, et chacun écoutait le trottinement des aiguilles-pensées de la jeune fille. Un silence de mort occupait l'espace enfumé, on l'écoutait, surpris, déstabilisé, et, Jim le comprit, charmé par une voix semblable à celle de l'Impératrice des Rats, la Grande Prêtresse des Champignons, dans ses instants de transe. C'était là, sans doute, le coeur de la solution. 


Platoon ? Peu probable, les loups avaient l'air aussi idiots que les troglos. Non, évidemment que non, surtout que des pas, à la fin du monologue retentissaient bien près de l'oreille de Jim, dans un espace qui leur était interdit. Puis il apparut, tête penchée, sourire à dévorer le ciel, yeux de fous, en costume de contrôleur, une pipe allumée à la bouche. Une main levée, une autre le long du corps, il longeait les murs pour se faire passer pour une peinture égyptienne. Doublement d'yeux écarquillés. Les Night Wolves faisaient leur représentation, et les troglos, surpris dans leur professionnalisme, n'esquissaient pas le moindre geste. 


Avantage Platoon. Laisse-le marque son point avant de lancer le contre. 
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MessageSujet: Re: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitimeDim 8 Déc - 21:41






Vous savez, le métier de contrôleur, c'est pas vraiment ce qu'on croit. Les gens pensent qu'on est content de choper des fraudeurs, qu'on remplace la police, qu'on est là pour rapporter de l'argent, qu'on est vils, méchants, sournois, qu'on tombe sur les honnêtes citoyens pour leur soutirer leur argent, mais tout ça n'est qu'un ramassis de rancoeurs  Tout ce que nous voulons, c'est surprendre le voyageur au moment où il ne s'y attend pas. La surprise dans le regard quand on nous aperçoit...si le type en face n'a pas de ticket, on sent qu'il cherche rapidement toutes les solutions possibles, sauf que deux collègues en civil se sont mis un peu avant nous, et retiennent les éventuels fuyards qui tentent le retour en arrière. On pêche les fraudeurs comme d'autres font la pêche, avec des techniques bien rodées. On se sépare, on tient le banc de poissons entre deux barques, un premier bateau tape dans l'eau, les touche, leur fait peur, et le second arrive avec son filet bien tendu, et là, et là...y'a plus qu'à faire chauffer la poêle pour faire frire le résultat à feu doux. Avec un petit vin blanc finement choisi, une tranche de pain et du beurre, la pêche nous rend heureux. 


God, give us love in the time that we have...




Cinq minutes pour que la petite Delombes montre de quelle peau elle était faite. Cependant, il s'était pressé, il avait ressenti un sentiment oublié au plus profond de son bide qu'il avait frappé des nuits durant alors que l'Apocalypse venait tout lui prendre. Se frapper le ventre pour chasser, concurrencer la douleur d'avoir tout perdu, le stress de la survie et le manque de l'amour dévasté par un cinq tonnes qui a joué au squash avec la tête de tes mômes. Putain de sentiment, l’inquiétude  le "pourvu que tout se passe bien", alors que fondamentalement tout le monde s'en fout, surtout lui, surtout moi, et vraiment tout le monde s'en fout. Il croit. Non ? On ne fonctionne plus comme ça ? Envoyez n'importe qui par caprice devant les mâchoires de la mort, et s'en foutre jusqu'au restant de nos jours, parce que maintenant, quelle importance que toi ou moi mourrions ? Personne ne le saura, la masse d'anonymes tuée a inscrit l'anonymat au rang des divinités à ne pas embêter. Non, impossible de se lier, quand l'avait-il fait ? Sans qu'il sans rende compte, peut-être. Il faisait beaucoup de choses sans s'en rendre compte, notamment descendre ces escaliers deux à deux pour réparer sa connerie. Une jeune donzelle comme le Delombes face au plus impitoyable des taureaux ! Bon sang, quelle idée de crétin ! Wooooh ! Woooooh ! Woooooh  Putain ! 

- Putain ! Qu'est-ce qu'il m'arrive ! Wooooh ! Mets-toi une claque, imbécile ! Une claque dans ta face ! Allez ! Frappe, merde ! Frappe, défonce-toi ! 


Et hop la tête dans le mur. Sang abondant, la pipe est sauve. A en juger par les douleurs, le nez est en place, mais ça saigne, la bouche a pris, et sûrement une belle bosse sur le front. Joues rougies par les claques successives pour se remettre en forme. Ah qu'ça va mieux...Il essuya le sang sur sa tenue verdâtre, reprit sa chanson, son fumoir mielleux, et longea les murs jusqu'aux quais, en formation égyptienne, pour ne pas se faire repérer. Technique habituelle des unités spéciales Night Wolves, selon Clark. Mais il est possible qu'elle disait ça pour rire, toujours est-il que longer les murs procurait une sensation de sécurité assez insupportable. Surtout avec tous les regards présents dans la station braquée sur lui. Il prit sa tête habituelle, son truc pour annoncer que c'est bien lui. En fait, il réfléchissait : nombres de troglos, armements, présence et positionnement, les hommes au bout du tunnel, caché dans l'ombre, tenant un truc en laisse - un cadeau ? Il sourit, il verrait peut-être si les rumeurs disaient vraies sur ces cinglés des tunnels moisis. La Delombes ? En place. Visiblement, elle a parlé, et ça a dû faire son effet. Ne sachant pas quoi, il fallait improviser. Spécialité de la maison. 
Il s'avança vers un troglo qui le menaça avec un pistolet à clou. Platoon l'ignora, lui prit la joue et la secoua fort, jusqu'à ce que le type pousse un cri indigné. 


- Alors, on vit depuis des mois ici sans payer de titre de transport ? C'est pas bien, ça, mon gars...tu sais qu'on a enlevé les bancs pour que les clodos dans ton genre ne viennent pas empuantir nos espaces publics. J'aimerais bien savoir comment tu dormais, pour que je trouve le moyen de te nuire sans que je te le montre ouvertement. C'est mon rôle, je joue la société qui te déteste, et tu me le rends bien. 



Première provocation en règle. Sans parler de la fumée en pleine tête. Réactions ? Aucune. Très bien, Delombes a dû très bien planter l'ambiance. Soit ils sont surpris, soit ils sont idiots. Et comme des idiots ne pouvaient pas échapper à Donovan aussi longtemps, la solution la plus probable était la surprise. Faille repérée capitaine, on poursuit la manœuvre ? Continuez commandant, continuez, je suivrai vos ordres ! J'espère bien, sacrebleu ! 
Platoon faisait des petits pas de danse pour s'approcher du bord du quai, s'approcha, jugea la profondeur comme celle d'un puits, fit plusieurs tentatives de saut durant lesquelles les troglos se regardèrent entre eux, interloqués. Puis il s'approcha une dernière fois, se mit dans une position de plongeon, comme un nageur sur son plot, prêt à la course, et il sauta tranquillement sur les rails. Devant lui, Abby était devenue rouge, et se mordait la lèvre. Son regard passa sur la tenue de contrôleur salie par le sang, et pencha la tête, se demandant ce qu'il était encore arrivé au vieux fou. Devant lui, un troglo assit fumait un cigare façon Che Guevara, les convictions en moins. Buffalo Jim himself, impassible, souriant devant le spectacle de Platoon. Regards entendus, appuyés, tension palpable. Les mâles dominants se jugeaient, se jaugeaient, se méfiaient. De vrais prédateurs. Qui du Taureau ou du Loup aurait l'avantage ? Platoon jeta sa pipe sur le rail, et s'avança, l'air souriant, comme d'habitude, ses mains tapant en rythme sur le bord du quai. Il s'imaginait qu'un métro allait venir d'un instant à l'autre tous les emporter. Qui voudrait-il sauver plus que lui-même ? Il regarda les deux filles, Cigarboy...Delombes avait son attention, c'était assez suffisant en cas de métro imminent  S'il avait été troglo, c'est ce qu'il aurait fait. Mais la nature humaine est parfois d'une candeur naïve et insupportablement délicieuse, de quoi jouer pendant des heures. Ça tombe bien, il avait du temps avant la prochaine rouste à Valcourt. 


- Terminus, tout le monde descend. Platoon rencontre le petit Jimmy, et Delombes attend Platoon. Lequel d'entre eux à un chat noir ? Vous avez dix minutes pour répondre, après quoi je fais sauter la station. Vous croyez que j'étais venu pour parler ? Vous rêvez, monsieur Jim Jimmy ! 




Sourire toujours en s'avançant vers celui qui peut tuer dans l'instant. Mais il le sait, je vous jure qu'il le sait, que j'arrive là, comme lui, celui qui remue mon corps, me fait mouvoir sans armes, parce qu'il adore sentir la vulnérabilité prendre le dessus sur la violence, la puissance, et toutes ces conneries qui font qu'un homme se croit en sécurité, alors qu'une météorite arrive pour percuter son monde dans les cinq minutes. Non, la folie apparente est plus qu'un rôle, c'est un état d'esprit. Jim s'en amuse, mais Jim voit aussi qu'il ne s'en amuse pas, qu'il est vrai, là, dans l'instant, sincère et pourtant le plus grand acteur que cet station ait connu - c'est-à-dire relativement bas, supposons. Sourire et avancer, parler, dire des conneries, surprendre et devancer en pensée l'adversaire qui se veut intimidant. Fume, mon gars, fume...attend un peu...



- Vous êtes venus en sachant ça, avec votre copain la Dame Blanche dans le tunnel. Alors, j'en déduis que vous êtes là pour parler. Vous avez besoin de nous. Et nous, on veut vous convier à nos sauteries. Extermination des chauves cyclopes ou de jeunes philanthropes au programme. On désire tous des choses que l'autre possède. Alors, j'ai remplacé la dynamite par ma parole...en ferez-vous de même ? 


Et à la fin, conclure par la signature, façon de dire que c'était bien Platoon qui parlait dans ces négociations, et pas sa folie, prétendue folie, ou les personnages qui l'habitent. Non, ma signature signe ma lucidité. Pauvres fous que de croire cela...La signature est comme une promesse, qui n'engagent que ceux qui y croient. Et quand on vit depuis des mois dans des tunnels sous le contrôle d'une shamane droguée à l'hallucination, on croit en beaucoup de mystères. Croix en bas de page. J'sais plus écrire, mais lui il sait, et sa signature se narre en sourire narquois, entendu, le regard plongé dans l'antre du Taureau. Regard à la Delombes, l'invitant à la faire intervenir. On verra si elle comprendra, si elle saura quoi dire, et comment le dire. Amuse-moi, petite. Signature en seconde. L'air de rien. Personne ne le verra. Retour sur Jimmy et son cigare de grand mec. 


- Alors, qui sera le fou de cette discussion ? Allons-y ! 



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MessageSujet: Re: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitimeVen 20 Juin - 20:19

Elle avait parlé. Fini, terminé – dégagez, y a plus rien à voir ! Elle avait parlé et ne savait pas s’il lui fallait attendre les balles ou le fil de la lame d’Abby ou… rien ? Rien de rien. Dire que le silence s’est fait serait un euphémisme. Retour des réflexes (une abomination comme une autre – ça dissèque le réel sans rien laisser de joli), histoire de se sortir la tête de cet état second, même s’il lui avait permis de causer sans crever sous le coup de son ignorance. Alors, voyons… scrutons ces messieurs dames… C’est quoi ces airs sonnés ? Pour la plupart, ou ils ont vu un fantôme ou ils sont surpris. Elle balaie les alentours des yeux ; elle les regarde, ils la regardent – c’en serait presque gênant… si elle en avait quelque chose à faire. Réactions : check. Analyse : … laisse tomber… Elle débarque tout juste, avec trois babioles d’infos fraîchement récoltées, pas la moindre idée des « rôles » respectifs de chacun des groupes, la bouche en cœur et un speech bizarre aux lèvres qui s’improvise tout seul loin loin loin de la tête et… voilà le résultat. Clairement, il lui manque un certain nombre de données pour y comprendre quoi que ce fut.
Louise repéra « le petit Jimmy », ou celui qui semblait l’être – au vu de la pose et de la force qu’il dégageait, on pouvait lui accorder assez de crédit pour ça. Il la fixait, mais impossible de mettre des mots sur ce qu’il avait pu penser de la prestation – crispant…  Elle redressa la tête, lèvres pincées, toujours en attente de son jugement.
Un peu plus haut, il semble soudain y avoir de l’agitation ; il y eut un léger cri, puis la voix de Platoon faisant des sortes de réprimandes abracadabrantes. Louise se sentit bizarrement soulagée ; en même temps, c’était lui qui avait demandé un changement chaîne, c’est donc qu’il venait y mettre fin. Zapping. Mais est-ce qu’il avait entendu ?  Est-ce qu’il en serait content ? … N’importe quoi. Il l’avait cherché, donc pas son problème… Enfin si. Mais non. … Si ?

Et Platoon himself paraît dans la foulée, apprêté tout exprès pour la suite du programme. Jusque là, tout va bien, certes… mais le sang, là, ça fait partie du numéro ou ce n’était pas prévu ? Louise se raidit, jeta un coup d’œil à Abby – juste pour voir ce qu’elle en pense, bien sûr… (Le Platoon fait bien ce qu’il veut, n’est-ce pas ?) Elle se mord la lèvre et, clairement, ses joues ont pris des couleurs ; inquiétude tendance anxiété - traduction : il y a un truc qui cloche, et pas des moindres. Louise se sentit mal, très mal. La dernière fois qu’elle l’avait vue s’émouvoir (depuis les quelques heures à peine qu’elle la « fréquentait », certes… - ce qui, la concernant, était malgré tout assez suffisant pour se faire une idée globale du personnage), c’était, encore, pour Platoon. Et parce qu’il était sur le point de s’ouvrir un trou, sanguinolent à souhait, à la place du crâne. Autant dire que la correspondance n’était pas de bon augure. Mais… bon Dieu ou n’importe quoi d’autre… pourquoi ?! Pourquoi est-ce qu’il leur faisait ça ?

Elle releva brusquement les yeux sur lui qui s’apprêtait d’ailleurs à les rejoindre, le fixant à en avoir mal. Comme si elle pouvait voir autre chose, trouver le moindre indice en inspectant chaque détail ; découvrir, telle une évidence, ce qui avait bien pu se passer entre les moments t et t+1, entre le moment où il avait donné ses ordres et celui du résultat. Entre la certitude et le doute à tordre les entrailles. Comme si elle pouvait gratter ces foutues couches de rouge à force de les scruter, les écailler comme une mauvaise peinture, et trouver au-dessous des croquis, esquisses préparatoires, un sens caché… Comme si elle pouvait les faire disparaître, ne plus les voir… oublier… Mais, pourquoi, pourquoi, POURQUOI ?
Elle détourna le regard, les tempes foudroyant le fil des pensées. Cavalcade de mauvais souvenirs – un escalier, tout tremble, beaucoup de sang, et plus rien. A part un trou dans le cœur, qui ne laisse pour horizon qu’un rouge séché, du noir, et beaucoup de larmes pour diluer le sens. Elle se sentit soudain stupide. Stupide de se laisser aller, emporter comme une poupée de chiffon par ses moindres dires, de se laisser prendre à rire de ses esquisses de manèges fous et terribles. De se laisser émerveiller, fasciner… – prendre au jeu, en un mot. Parce qu’il pouvait écrire « fin », sans qu’elle ait rien vu venir. Qu’il pouvait la laisser seule, absolument. Seule à nouveau avec ses chimères miséreuses, dans ce grand foutoir, et avec l’horreur hurlant de rire tellement c’était facile de tout écraser.

- Terminus, tout le monde descend. Platoon rencontre le petit Jimmy, et Delombes attend Platoon. Lequel d'entre eux à un chat noir ? Vous avez dix minutes pour répondre, après quoi je fais sauter la station. Vous croyez que j'étais venu pour parler ? Vous rêvez, monsieur Jim Jimmy !

Prise par surprise, pétrification façon Gorgone. Retour à l’ordre du jour, petite claque mentale pour se réveiller les neurones ou éviter qu’ils se remettent trop en place, à voir. Eh oui, il est dangereux de réfléchir, de nos jours, car la pensée peut tuer ce qui fait mine de nous retenir à la vie ; une vaste mise en scène, avec beaucoup d’intrigues et de couleurs tournant à l’aigre, histoire d’attirer l’attention, occuper l’esprit, ou occuper tout court, détourner du gouffre et marcher sur le fil des hasards qui nous accableront tôt ou tard.
Evidemment qu’elle l’attendait (qui ne le ferait pas ?)… mais qu’est-ce qu’il racontait ? C’était encore un morceau du numéro ? Et pourquoi ne pouvait-elle pas s’empêcher d’attendre la suite, encore ? De l’attendre… vraiment stupidement, oui, au risque de tout perdre. Encore.

- Vous êtes venus en sachant ça, avec votre copain la Dame Blanche dans le tunnel. Alors, j'en déduis que vous êtes là pour parler. Vous avez besoin de nous. Et nous, on veut vous convier à nos sauteries. Extermination des chauves cyclopes ou de jeunes philanthropes au programme. On désire tous des choses que l'autre possède. Alors, j'ai remplacé la dynamite par ma parole...en ferez-vous de même ?

Dame blanche et chauves cyclopes et jeunes philanthropes. Besoin et invitation à extermination égal besoin aussi semble-t-il. Dynamite pour parole ce qui n’est pas tout à fait un remplacement dans la mesure où il y aurait mise en scène d’abolition tendance destruction et pseudo oubli des rapports passés pas folichons cf divers propos de tout à l’heure et tout cela pour faire « comme si » et tirer le meilleur parti de leur collaboration sous couvert de méfiance polie par habitude et voilà pour l’essentiel. Interrogations en suspens étant qui sont ceux qu’il a cités et quels besoins et pourquoi cette histoire d’extermination.
Rangement sous l’étiquette  à creuser et classé suffisant pour le moment.
… Pourquoi est-ce qu’il la regardait ? Il voulait qu’elle participe et retcharre ? … Non, attendez, c’est plutôt pour Abby ces choses-là !

Mais elle s'avança. Horreur et panique toute proche, juste le temps de réaliser. Instant de flottement terrible, les yeux écarquillés. Reviens près d’Abby, ce n’est pas ça qu’il faut faire… mais c’est trop tard… trop tard ! Elle se trouvait au beau milieu d’une station de métro, cernée de gens tous plus inconnus les uns que les autres, armés, et pas la crème de la crème en matière de délicatesse – outre celle réservée à la mort. Au beau milieu d’une rencontre qui la dépassait de plusieurs milles, qu’il s’agisse des enjeux ou des forces en présence. Moins que rien, vaguement récupérée au détour d’une patrouille ou de n’importe quoi d’autre des Night wolves, épargnée sans qu’elle sache pourquoi, sans statut, ni rôle, ni crédibilité, ni poids, auprès de qui que ce fut, et encore moins concernant une affaire de cette ampleur. Et elle avait « l’outrecuidance » assez irraisonnée de s’avancer vers les chefs, ou ceux qui semblaient l’être, de tout ce petit monde.
Louise cligna des yeux, abasourdie d’être si soudainement écrasée par tant d’évidences, à en avoir le souffle coupé, et elle se força à avancer encore, encore, encore. Trop tard trop tard trop tard. Elle n’osait pas regarder les autres ; ils devaient la fixer, et elle ne voulait pas lire leurs regards, leurs expressions, et se rajouter des poids à la conscience alors que… bon sang qu’est-ce qui lui avait pris ? Elle serra les dents, s’efforçant de marcher normalement, mais les épaules tendues et avec une rage sourde qui la faisait pâlir. Et pourquoi est-ce que ça la lâchait, hein ? Où était passé le fil pour fuir le réel, en n’ayant plus qu’à se laisser porter ? Ce réel cru et dégueulasse, sinuant entre le sang, la pierre, et la pourriture… C’était écoeurant, cette impression d’être prise au piège. Coincée par le réel, qui fermait la porte aux merveilles - en lui faisant croire que c’était de sa faute…
Elle n’avait plus de jouet, de ce kaléidoscope qui amuse ou rend vaguement supportable. Pah ! Comme si elle ne pouvait pas se débrouiller sans de temps à autres, après tout ! Ce serait juste moins distrayant, rien de grave, même si elle enrageait à en avoir des envies de giclée de sang en guise de défouloir. Mais elle était là, autant continuer ; se montrer responsable, sérieuse, réfléchie, … et toute la mascarade. Un jeu très ennuyeux, et âpre, qui n’offre des satisfactions qu’assez mitigées. Allez, reprends-toi ma fille. Il va aussi s’agir « d’avoir l’air », donc dégage ce qui gêne. (Note pour plus tard : qu’est-ce qu’il avait été fiche de leur côté ?)
Elle se prit à détailler le « Jimmy » d’un air dur, pendant qu’elle rassemblait tout ce qui pouvait lui servir, pour que tout soit prêt, au bord des lèvres, comme des cartouches. Confirmation, il en impose, à sa façon, force tranquille, l’assurance derrière une certaine nonchalance, cigare en coin et des airs de ne pouvoir être atteint par rien ; pas très lisible au demeurant.
Les données sont prêtes. Ne pas regarder Platoon. Et « maintenant, ça peut commencer. » Faux sourire de vendeuse dans une boutique de services trop astiquée, pour donner la mesure ; fausse politesse qui disparaît comme l’ancien monde, pour leur donner une preuve que ça ne sert pas, là, de continuer les simagrées, surtout aux abords de la signature.

- On ne sait jamais vraiment grand-chose. Certains diront même « rien »… Pourtant, tout ceci est bien tangible, il n’y a pas à aller chercher loin - joli déballage, d’ailleurs. Il n’y a plus grand-chose sur quoi se reposer. Certains diront même « rien »… Pourtant, tout ce beau monde est bien présent, d’un côté et de l’autre ; et il semble que ça tienne, suffisamment pour faire partie des « uns » ou des « autres ». Il n’y a plus grand-chose en quoi croire. Certains diront même « rien »… Pourtant, on parle de contrat, au beau milieu de l’apocalypse ; alors qu’il n’y a plus de règles et d’institutions tout bien policées pour « faire respecter » ce que certains appelaient « l’ordre ».
Les conditions, les engagement, les attentes… pas besoin de devinettes ou de mille-feuilles de sous-entendus pour savoir ce que vous faites ici. Les apparences pour tout crédit, c’est un jeu passé de mode ; restent celles pour donner de l’allure et un peu de poids à son propos, et surtout bien à propos. Vos présences respectives ici même, le consentement à ce face-à-face avec les coups-fourrés tenus en retrait (même si cela n’est peut-être que provisoire), voilà qui remplace les mille et unes précautions et formalismes. Les garanties ? Si vous êtes ici, c’est que vous avez assez estimé le potentiel de part et d’autre. Sans parler forcément de respect, chacun sait à quoi s’en tenir et agit en conséquence. Il n’y a pas seulement de l’intérêt, mais de la stratégie. C’est un jeu sérieux qui ne s’use pas, aussi nécessaire que d’autres choses. Le seul ennui, bien sûr, c’est qu’on ne connaît pas la fin de l’histoire. Mais si vous ne faites rien, il n’y aura tout simplement pas d’histoire, et chacun continuera de s’étriper dans son coin. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien ni personne. Rien à savoir, rien sur quoi compter, rien en quoi croire. Rien à raconter. Et même l’envers du miroir et les contes n’y pourront rien. Il va falloir créer quelque chose et en anéantir une myriade d’autres – choisir. Et c’est bien pour cela que vos paroles ne seront pas que du vent ; elles vont modeler ce qui pourra et pourrait advenir ; et quoi qu’il arrive, il faudra compter avec, même si c’est en voulant le renier.
Il n’y a pas de labyrinthe, pas de Minotaure, pas de fil d’Ariane. Juste une histoire un peu morbide, où l’on peut prendre un rôle… - mais rien d’autre que le rôle que l’on se donnera. Ce n’est pas un jeu de hasard mais il n’y a pas pour autant de justice ni non plus de fatalité. C’est un monde, un drôle de monde, et humain de surcroît. On y perdra tous la tête d’une façon ou d’une autre, mais on ne veut pas que ce soit n’importe comment. Alors, à tout ce qui peut advenir
: morituri te salutant.






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Buffalo Jim
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MessageSujet: Re: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitimeDim 29 Juin - 12:44

Platoon était digne de sa réputation. Imprévisible, malin, attentif. L'Impératrice l'avait prévenu, il ne fallait pas se fier à ce que disait cet homme. Attendre qu'il avance ses pions, que sa folie signe le point final de la scène qu'elle déroule en impro. Jouait-il un rôle ou était-il vraiment atteint ? Comment les Wolves pouvaient-ils suivre un type pareil ? Ses élucubrations n'impressionnaient pas Jim, encore moins son entrée. Il y avait bien pire dans les tunnels, il connaissait le noir, le bruit sourd du silence pesant, les trottinements des rongeurs, aussi carnivores qu'affamés.

Au final, Platoon avait lancé la phrase magique. Négociations ouvertes, et la jeune fille devant lui prenait le relais. Duo intéressant, sûrement difficile à suivre. Une chose le chiffonnait cependant : durant le briefing, personne n'avait évoqué sa présence. Qu'importe son identité, c'était elle qui lançait l'artillerie. Jim jeta un coup d'oeil à ses hommes. On laisserait la bête en arrière, jusqu'à arriver à l'accord final. Pour l'heure, l'alliance comptait ses doigts avant de serrer les mains...



Jim écouta patiemment la jeune fille parler, parler, parler, tandis que Platoon fumait sa pipe et envoyait des ronds de fumée dans la tête des Troglos près de lui. Jim restait, lui, concentré sur le discours. Pas conne, la gamine, elle pourrait presque disserter sur l'Apocalypse avec la Reine des Tunnels.



- On est ici pour remonter un café philo entre les derniers fous qui restent en vie, ou alors on négocie vos armes contre nos stocks alimentaires ? C'est pas que vot' conversation m'ennuie, lady Wolves, mais on n'aime pas rester bien longtemps dans une station allumée...


Coup d'oeil vers Platoon. Il souriait, l'animal, de toutes ses dents. Prêt à baffer, prêt à bouffer. Mais, chose étrange, le sourire n'était pas destiné au Taureau, mais à la jeune fille...Jim lâcha une bouffée vaporeuse de son cigare, et reprit d'une voix ferme.


- Alors, j'écoute vos propositions. De plus, il faut rajouter que l'Impératrice souhaiterait discuter avec la Nef des Fous d'ici une quinzaine de jours, au sein de votre Basilique. Elle réclame de l'air frais, l'air de la surface. Pour discuter avec le dénommé Platoon, chef proclamé des Night Wolves. Elle viendra avec la livraison accordée, et repartira avec ce que vous donnerez. Est-ce recevable ?
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MessageSujet: Re: Pigmen Concerto   Pigmen Concerto I_icon_minitime

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